Saiyuki trio

Origine : Vietnam - Japon - Inde

Une fabuleuse épopée poétique, une quête mélodique.

Line-up

Nguyen Le/guitare - Mieko Miyazaki/koto - Prabhu Edouard/tablas

Artistes

Saiyuki trio

À propos

"Saiyuki" ou "Chronique du Voyage vers l’Ouest" est un disque subtil et inspiré, où l’est de l’Asie échange avec l’ouest, où le Japon, incarné par la magnifique Mieko Miyazaki au koto, flirte avec l’Inde des virtuoses Prabhu Edouard aux tablas ...le trio Saiyuki de Nguyên Lê symbolise un au-delà de l'Asie où la virtuosité fait s'envoler les frontières musicales.

«Personne ne joue de la guitare comme lui ! » La phrase sonne toujours vrai aujourd’hui, comme le démontre sa dernière production en date pour le label ACT, Saiyuki. Ce musicien parisien reconnu ne cesse de déployer de nouveaux univers sonores propres à nous émerveiller, et c’est d’autant plus remarquable qu’il compte déjà, dans le monde du jazz, parmi les plus grands explorateurs de sons, ceux dont l’imagination reprend perpétuellement son essor à la recherche de nouvelles alliances. Saiyuki est ouvertement un voyage. Un voyage d’est en ouest et inversement, dans une « Asie sans frontières », pour reprendre les propres termes de Nguyên Lê. Le trio qu’il forme avec la joueuse de koto japonaise Mieko Miyazaki et le virtuose des tablas Prabhu Edouard s’embarque sur une route de la soie musicale qui relie entre eux les divers mondes de ce continent.

Nguyên Lê a emprunté le titre de son disque au célèbre roman du XVIe siècle écrit par le poète chinois Wu Cheng’en (en français, Le voyage en Occident, ou parfois Le roi des singes), qui narre les pérégrinations d’un moine jusqu’au paradis de l’Ouest qu’aujourd’hui nous appelons Inde. Pour le guitariste¬explorateur, cette expédition littéraire représente un fascinant point de départ. Le Viêt¬Nam, l’Inde et le Japon – pays dont sont respectivement originaires les membres du trio – marquent les pointes d’un triangle magique où les sons se rejoignent pour créer des formes nouvelles, avec pour résultat la scintillante fusion de trois identités.

Ces identités sont déjà doubles en elles-mêmes car, de la même façon que Nguyên Lê combine tradition vietnamienne et jazz contemporain dans un style de jeu qui s’inspire tantôt du blues, tantôt des subtils instruments à cordes du Sud¬Est asiatique, ses compagnons professent eux aussi des influences métisses. Comme lui ils vivent en France, comme lui ce sont des aventuriers de la musique ¬culturellement parlant, tous trois sont à la fois des outsiders et des individus qui connaissent leur propos de l’intérieur.

Mieko Miyazaki a reçu une formation classique au koto. Également interprète et compositrice pour la radio et la télévision, elle a acquis une expérience jazz au sein du Koto2Evans Quartet, qui jouait des thèmes de Bill Evans transcrites pour koto. Elle figurait déjà sur Fragile Beauty, autre disque de Nguyên Lê chez ACT. Né en Inde, Prabhu Edouard a étudié les tablas à Calcutta avec le maître Shankar Gosh; c’est un des rares virtuoses de cette percussion indienne, petite par la taille mais extrêmement expressive. Le tabla, qui fait en réalité partie de la famille des timbales, se joue avec le bout des doigts, ce qui nécessite une très grande finesse; les doigts exécutent une danse à part entière et peuvent donner naissance à un spectre de sons allant des basses viscérales aux aigus très sonores, presque métalliques. Prabhu Edouard a déjà joué avec des musiciens de jazz, tels que David Liebman, Marc Ducret et Didier Malherbe.

Les membres de ce trio – auxquels il faut ajouter, en invité, Hariprasad Chaurasia, maître indien de la flûte bansouri – laissent libre cours à leur imagination tout au long de Saiyuki, ce qui donne un ensemble de morceaux hautement éclectiques. Depuis « Autumn Wind » et ses vastes étendues lyriques de guitare délicatement modulée et de flûtes ciselées, jusqu’à la pulsation rythmique de « Mina Zuki », qui s’ouvre sur une guitare country¬blues puis se condense pour devenir presque rock et finit par sonner profondément asiatique grâce à un dialogue entre flûte et koto, la musique reste constamment organique, comme si les tablas, le koto et la guitare électrique moderne jouaient dans le même groupe depuis la nuit des temps.

On se laisse entraîner dans des paysages fascinants au¬dessus desquels semble parfois planer un souffle éthéré; ailleurs, ils resplendissent comme un lever de soleil et on y pressent de nouveau un élément mystérieux, quelque chose de magique. Mais ces moment¬là conservent la faculté de nous étonner ; des bouffées de guitare électrique explosent tout à coup au milieu d’une mélodie gracieuse, ou bien on entend prononcer le titre du morceau par¬dessus la musique – c’est d’ailleurs l’occasion d’apprendre que « sangam » signifie « heureuse rencontre. ». Ces deux mots résument bien le sentiment qui se dégage de ces pièces, et ce pour une raison toute simple : Saiyuki dans sa globalité, c’est justement le bonheur de jouer et d’explorer la personnalité musicale de chacun. Cet ensorcelant périple est/ouest/est à travers une Asie que le jazz nous rend accessible laisse toute une gamme d’impressions inattendues. Qu’importe que les titres des morceaux évoquent des mets, des divinités de telle ou telle région ou simplement la magie de la rencontre ; dans le world jazz de Nguyên Lê, toutes ces choses se rejoignent le plus naturellement du monde.